Rurutu, îles Australes
Rurutu (prononcez rou-rou-tou en roulant les r) est une île fascinante.
Sur le plan géologique, c'est un cas d'école. Née à 1000 km au sud-est de sa position actuelle du point chaud qui est actuellement en train de faire jaillir une nouvelle île, le volcan Mac Donald (découvert en 1967, il arrive après sa dernière éruption à 27 m sous la surface de l'océan) il y a 12 millions d'années, elle a subi pendant 11 millions d'années le cycle classique : érosion, croissance d'une barrière de corail, jusqu'à arriver presque au stade d'atoll.
Il y a 1 million d'année, déjouant tous les calculs de probabilité, elle a rencontré un deuxième point chaud (un cas unique au monde semble t'il ) qui a soulevé la barrière de corail de 150 mètres en rempli l'ancien lagon de roches éruptives. L'île s'est retrouvée entourée de falaises calcaires constellées de grottes spectaculaires.
Sur le plan humain, les autochtones (qu'on appelle les Rurutus, tout simplement) forment une communauté soudée. Ils ont toujours su préserver leur indépendance,sachant s'ouvrir au monde sans perdre leur âme.
En 1821, le fils du roi de Rurutu prit la mer pour échapper à une épidémie de variole qui ravageait l'île à la suite de contacts avec des équipages baleiniers. Poussé par les vents, il dériva jusqu'à Maupiti où il rencontra des missionnaires protestant. Il rentra à Rurutu, ramenant avec lui la nouvelle religion.
Sous le vernis de la légende, on retrouve l'esprit Rurutu : les Rurutus se sont convertis tous seuls. Les rois sont devenus pasteurs, les chefs diacres, et les étrangers, fussent-ils missionnaires ont été priés de s'occuper de leurs affaires. Aujourd'hui encore, seuls dans toute la Polynésie, les Rurutus choisissent leurs pasteurs (et les renvoient quand ils ne conviennent pas) et choisissent leurs diacres dans les familles des chefs. L'église protestante de Polynésie a imposé que les diacres ne soient pas candidats aux élections politiques, partout, sauf à Rurutu.
En fait à Rurutu la société traditionnelle perdure en se cachant sous les oripeaux du christianisme. Une société théocratique ? En tous cas pas intégriste, ni passéiste.