Les Marquises
Les îles Marquises, situées à 1600 km au nord-est de Tahiti constituent un archipel sauvage de 11 îles, dont 6 sont encore habitées. Iles jeunes à l'échelle géologique, elles sont très montagneuses et ne sont pas entourées de récif coraliens comme les îles de la Société. La grande houle du Pacifique vient frapper directement les falaises.
Ces îles ont été autrefois très peuplées. On estime qu'il pouvait y avoir jusqu'à cent mille habitants avant l'arrivée des européens. Comme dans les autres îles de Polynésie, le contact a eu des effets catastrophiques. Ces populations isolées depuis plusieurs milliers d'années n'étaient immunisées contre aucune des maladies que transportaient les visiteurs. A la fin du XIXeme siècle, il restait à peine deux mille habitants.
Ce cataclysme humain, ajouté à la pression du christianisme a rompu la chaine de transmission de la tradition orale. Les marquisiens d'aujourd'hui en sont réduits au témoignage des premiers explorateurs et aux travaux des archéologues pour se réapproprier leur culture. Une culture qui fut extrèmement brillante et complexe et fut sans doute le creuset de celle de l'île de Pâques, comme en témoignent les grands tikis de pierre aujourd'hui abandonnés à la forêt.
Ce qui était négligé, oublié, honni, redevient respectable. Les habitants de ces îles dont le vrai nom était "Te Henua Enana" (la terre des hommes) recouvrent peu à peu leur fierté.
Les plateformes de pierre, à moitié écroulées et soulevées par les racines des arbres géants ne donnent qu'une piètre idée de ce que pouvaient être les sanctuaires où se déroulaient des cérémonies dont le sens est à jamais perdu. Des sacrifices humains y étaient sans doute pratiqués à certaines occasions ce qui a valu aux anciens marquisiens leur réputation de cannibales. On sait maintenant que les grands banians qui ombragent ces sites sacrés enlaçaient entre leurs racines aériennes les ossements des chefs défunts. Des reconstitutions des bâtiments liés au culte ont été reconstruites telles qu'elles pouvaient être, en bois et en chaume.
On découvre un peu partout, dans des endroits inaccessibles au milieu de la forêt des pierres gravées, des pétroglyphes, représentant le plus souvent des animaux marins. La tortue est omniprésente, symbole de la médiation entre le monde marin et le monde terrestre, entre le monde des vivants et celui des ancètres.