Guiriec, saint voyageur
L'oratoire de saint Guiriec à Ploumanac'h est un témoignage unique d'un art roman breton qui a laissé trop peu de souvenirs. Construit au XIIeme siècle sur le rivage, ce petit monument d'une beauté rustique se retrouve aujourd'hui isolé au milieu de la grève. Insolite et en même temps parfaitement intégré au site, il nous interpelle.
Aucun document fiable ne nous raconte l'histoire de ce saint inconnu de Rome. Seule la légende, les légendes, nous raconte par le détail la vie de ce moine voyageur.
Saint Guiriec,ou Guirec ou Guevroc selon les régions, est né en Grande Bretagne au Veme ou VIeme siècle. Comme beaucoup de ses contemporains, il a traversé la Manche dans une auge de pierre. La version locale de la légende veut qu'il se soit installé dans l'anse de Ploumanac'h, que les touristes fréquentaient moins assiduement à cette époque, et qu'il donna son nom à la paroisse de Perros-Guirec.
Une version répandue par les chanoines de Tréguier certifie qu'il faisait partie des soixande dix moines qui accompagnaient saint Tugdual. Mais la version officielle trancrite par Albert le Grand dans sa "vie des saints de Bretagne armorique" et reprise fidèlement par l'abbé Perrot dans "Buhez ar zent" dit qu'il prit terre à Lanmeur, près de Morlaix, qui était alors une enclave de l'évèché de Dol en terre trégoroise et qu'il fonda un monastère qui a donné son nom à Locquirec. Il poursuivit ses aventures en Léon aux côtés de saint Pol Aurélien.
Ses principaux miracles attestés ont contesté à lutter contre le travail du dimanche, ce qui en fait un précurseur de la CGT. Ainsi un bûcheron et une lavandière se retrouvèrent paralysés pour avoir enfreint l'interdit. D'où l'adage bien connu "labour zul, labour nul".
Mais le saint homme qui eu la chance de vivre en ermite sur cette côte de granite rose, en un temps où le temps ne comptait pas, pouvait-il comprendre ces fous qui ressentent le besoin de s'agiter le dimanche ?