Les mains dans la terre
J'étais à genoux, comme à mon habitude, en train de gratter la terre et d'arracher quelques mauvaises herbes. Une de mes petites filles, passait par là.
"- Qu'est-ce que tu fais Papi ?
- Tu vois, je sarcle autour de mes rosiers."
Et là, d'un air dégouté elle ajoute: " Et tu fais ça avec tes mains!!!
- Oui, avec les pieds c'est trop difficile.
- Je veux dire sans gants !!!"
J'ai regardé mes mains calleuses et noires et j'ai compris que nous ne vivions pas sur la même planète. La planète que la génération Greta veut sauver en pianotant sur son smartphone avec ses petits doigts agiles n'est que virtuelle, faite d'images apocalyptiques qu'on regarde bien au chaud dans son canapé. Comment comprendre la vie autrement que de manière purement théorique quand on vit dans un environnement aussi artificiel, aseptisé, standardisé.
Pour moi, vieux fossile qui vit toujours au néolithique, la vie c'est un bouillonnement permanent. Toucher, voir, sentir, être en communion avec tous les êtres vivants, être animal sur une terre vivante, faire partie de la nature. J'ai besoin de ce contact charnel avec la terre, et pour ça, je ne prends jamais de gants, ni au sens propre, ni au sens figuré.
J'ai été très choqué l'année dernière des réactions des bien-pensants à la mort de Pierre Rabhi. Même si je ne partageais pas toutes les convictions de cet étonnant petit bonhomme j'avais pour lui un immense respect. D'abord pour son parcours de vie, sa fidélité à son idéal, son courage et sa persévérance. Et puis surtout sa gentillesse! Il n'y avait pas en lui une once de méchanceté!
Alors quand les médias se sont mis à déverser leur fiel sur son cercueil j'ai pris conscience de la haine qu'il pouvait susciter chez certains apprentis dictateurs. Il faisait de l'ombre à ceux qui veulent imposer leurs idées par la contrainte puisque la plupart des gens ne veulent pas changer leurs (mauvaises) habitudes:
Pierre Rabhi ne dérange personne, c’est une écologie inoffensive, mais ce n’est pas avec cette écologie qu’on transforme la société.
Lui, il voulait simplement "faire sa part", comme il disait, et entrainer les autres derrière lui. Convaincre et non imposer. Mais ce n'est plus politiquement correct parait-il. Et comme ces accusations ne suffisaient pas à le discréditer, on a sorti le grand jeu: HOMOPHOBE!!!
lu sur Mediapart:
"Parmi tout cet étalage de bêtise réactionnaire, j’ai particulièrement aimé ce passage, qui incarne bien la pensée profonde – si l'on ose dire – du "gourou" des bobos :
la reine des abeilles a besoin d’un mâle, une chèvre a besoin d’un bouc, la vache a besoin d’un taureau. Donc ça c’est une loi invariable à laquelle même les homosexuels doivent leur propre existence."
Si on peut être mis en accusation par des inquisiteurs des temps modernes pour avoir prononcé de telles évidence, il faut désespérer de l'humanité. Et que ces propos émanent de gens qui veulent "sauver la planète" a de quoi dégoûter. Alors messieurs (et mesdames) les extraterrestres je vous la laisse votre planète virtuelle et moi je continuerai à cultiver ma terre qui est quelquefois si jolie.