Le choléra à Trielen en 1893

Publié le par 7jardins

Le choléra à Trielen en 1893

C'est en furetant dans ma généalogie que je suis tombé par hasard sur ce drame qui relativise un peu notre coronavirus. En ce mois d'août 1893, sur les vingt trois personnes qui vivent et travaillent sur Trielen, une île isolée en mer d'Iroise, quatorze vont mourir du choléra entre le 15 et le 20 août, neuf seulement survivront. On imagine l'horreur de la situation. A l'époque, pas de radio, pas de téléphone, seulement un signal de détresse hissé sur un mat de fortune. Le message sera bien capté par le sémaphore de Molène, mais l'île de Molène se débat elle-même avec la terrible épidémie: 44 morts en une semaine! Tout contact avec les îles est interdit. Les premiers secours ne parviendront qu'en septembre. Les morts sont enterrés sur place dans de la chaux vive.

Le choléra à Trielen en 1893
Le choléra à Trielen en 1893
Le choléra à Trielen en 1893

Parmi les victimes, le patriarche, Charles Quellec, né au Conquet, 76 ans, (un cousin du grand-père de mon grand-père), son fils Jean-Marie, 46 ans, sa petite- fille (ou peut-être sa petite-nièce, il y a un trou dans l'état civil) Marie-Jeanne Causeur, 23 ans, jeune mariée, ses deux neveux, Auguste et Joseph Copy, 14 et 16 ans, et des ouvriers agricoles, appelés à l'époque domestiques, des hommes célibataires entre trente et cinquante ans, originaires pour la plupart du pays "pagan": Guisseny, Plouguerneau, Landéda...

Le choléra à Trielen en 1893
Le choléra à Trielen en 1893
Le choléra à Trielen en 1893

La vie sur les îles de la mer d'Iroise n'a jamais été rose. La richesse de ces îles basses, pelées par le vent, battues par les embruns, c'est le goémon, les algues brunes, les forêts de laminaires. A la fin du XIXéme siècle c'est devenu une véritable industrie. Des usines naissent un peu partout sur la côte pour extraire des algues toutes sortes de produits chimique et en premier lieu l'iode et la soude. 

Sur les îles, il y a deux populations : les fermiers, avec leurs nombreux domestiques vivent là toute l'année, cultivent des céréales et élèvent moutons, vaches et chevaux. Ils récoltent le goémon sur les grèves. A la belle saison arrivent les pigouillers, venus du pays pagan, qui eux récoltent en mer à bord de leurs bateaux. Ils logent dans des huttes de pierres sèches dans des conditions moyenâgeuses.

Le choléra à Trielen en 1893
Le choléra à Trielen en 1893
Le choléra à Trielen en 1893

Le goémon est d'abord séché, puis brûlé dans des fosses, appelées four à soude. A la fin du brûlage, il reste dans le four une masse solide appelée "pain de soude". A la fin de la saison ces pains de soude sont vendus aux usines. 

Toute cette activité s'est éteinte après la deuxième guerre mondiale. Les îles ont été peu à peu désertées. Elles sont aujourd'hui réserve naturelle. Une seule est aujourd'hui habitée: Quéménes, que le conservatoire du littoral loue à un couple d'agriculteurs. Quelques chambres d'hôtes y accueillent les candidats robinsons.

Le choléra à Trielen en 1893
Le choléra à Trielen en 1893
Le choléra à Trielen en 1893
Le choléra à Trielen en 1893
Le choléra à Trielen en 1893
Le choléra à Trielen en 1893
Le choléra à Trielen en 1893
Le choléra à Trielen en 1893

Publié dans mer d'Iroise

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G
Merci pour votre article et les documents joints, très intéressant.
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C
quelle vie de dur labeur et de peine!tu crois que nos jeunes survivraient 2 semaines dans des conditions aussi inhumaines?sans portable,sans Netflix ils s'entretueraient....
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7
Il y a eu une expérience dans les années 50, sur Trielen précisément, d'envoyer des jeunes à problèmes se reconnecter à la nature. ça s'est très mal fini.