Le Château des Moineaux

Autrefois les moineaux étaient un fléau. Pillards des grains étalés pour sécher dans les cours de ferme, destructeurs des toitures en chaume pour construire leurs nids....

Aujourd'hui on ne fait plus sécher le grain en plein air et le chaume se fait bien rare, les moineaux aussi. En arrivant dans ce nouveau jardin, j'en ai rencontré une joyeuse bande que j'ai essayé de fidéliser. En leur offrant des graines d'abord, ce qu'ils ont accepté comme allant de soi, en leur construisant un nichoir collectif ensuite, ce qui a moins bien marché.

Je me suis d'abord documenté : moineaux : trou d'envol de 32. Zut, ma plus grosse mèche fait 28, pour les mésanges. Du coup, j'investis : scie cloche de 32. Et puis tant qu'à faire un nichoir collectif (les moineaux aiment à nicher en colonies, ça je l'ai vérifié il y a bien longtemps sous mes gouttières) autant faire riche alors partons pour un château : le château des moineaux, Kastel ar filiped en breton.

Et me revient cette expression en breton, quand on est pas d'accord avec quelqu'un et qu'on veut rester poli : "Pep hini zo libr, giz ar filiped" : chacun est libre ... comme les moineaux. C'est un peu comme dire : à chacun ses idées, mais avec le côté péjoratif de "comme les moineaux" qui sont considérés comme des irresponsables.

Alors j'ai pris la phrase au pied de la lettre avec cette manif de piafs : chacun est libre et après tout est-ce que les moineaux ne sont pas plus libres que nous, libres comme l'air.

Que croyez vous qu'il arriva ? Ce fut un jeune couple de mésanges bleue, rudement culotté,  qui s'empara d'un des appartements en parfaits squatteurs et qui après avoir élevé sa couvée déménagea un beau matin à la cloche de bois sans demander l'addition.

Quant aux moineaux, depuis qu'on leur a dit qu'à la belle saison le resto du coeur était fermé, ils sont partis sans dire merci.

Comme dit le proverbe " Fais du bien à ton prochain, il s'en souviendra et reviendra te voir la prochaine fois qu'il sera dans la merde"