Faire et refaire
Depuis longtemps déjà, il m'énervait ce trou dans la digue du ruisseau de Kervouroc. Et l'eau rigolait dans sa rigole. Evidemment, ce n'est pas bien difficile quand on a que ça à faire de grignoter l'argile sous les pierres, grain après grain jusqu'à ce que toute l'eau s'engouffre dans la brèche. Et pendant ce temps là le jardinier a mille choses à faire. Il a bien vu le désastre, mais il y a des travaux plus urgents. Et il prépare sa revanche. Il a fallu deux ans de cogitations, deux pompes pour arréter le débit et un mètre cube de béton pour colmater une brèche grosse comme le poing. Et pour le même prix une reprise totale des berges.
De chaque côté d'un lit trop large et trop encaissé, j'ai disposé des banquettes de terre retenues par des planches ( goudronnées pour la tenue dans le temps et l'esthétique) J'y ai déjà planté des iris ensata, des astilbes et les fougères dicksonia antartica ramenées de Trebah garden. Un petit appontement terminé par un tori japonais invite au voyage imaginaire (pas terminé l'appontement, il sera recouvert de bois plus tard)
Un peu kitch, le tori, mais on fait ce qu'on peut avec des chutes de bois récupérées et on ne choisit pas toujours les dimensions. Et puis c'est couleur locale avec le massif japonais juste en face (pas terminé non plus) et le petit pont rouge plus bas sur la rivière (En fait il n'est pas rouge, mais c'est juste parce qu'on a pas eu le temps de le peindre. D'ailleurs les rambardes, entreposées dans la grange sont déjà peintes en rouge shinto)
Et vous croyez que la rivière va rester sagement dans le lit que je lui ai tracé ? Pour ma part je sais bien que déjà cette nuit, en cachette, elle a recommencé à creuser. Alors à quoi bon lutter contre la nature? me direz vous.
Pour rester vivant, parce que moi aussi je fais partie de la nature et que je suis programmé pour plier la nature à mon rêve.