Piraterie génétique
La recherche génétique étant devenue une science diabolique, comme l'alchimie au moyen-âge, je tremble à l'idée que des talibans de la courte pensée puissent un jour découvrir mon laboratoire clandestin.
Le clonage n'est-il pas un crime abominable passible du bûcher? Et pourtant je m'y livre avec délices. D'un être vivant, je crée dix, vingt répliques, toutes semblables. Pire, je clone à nouveau ces clones pour obtenir des centaines de zombies...maléfiques? Non, juste beaux comme la plante mère que j'ai bouturée.
J'avoue que depuis un moment, ça tourne à l'addiction. Me voilà devenu serial-cloneur.
Il faut dire qu'avec le chantier de Kervouroc, j'ai des besoins en plantes qui ne correspondent pas au budget alloué.
brunnera Jack Frost, éclats prélevés sur les 3 plants de Maryvonne, si discrètement qu'elle n'a rien vu.
La réussite dont je suis le plus fier, c'est la reproduction à l'identique (mieux qu'avec une imprimante 3D) du géranium Orkney cherry, tout petit riquiqui et pourtant si joli. Comme il s'étend à partir d'un seul petit trognon, impossible de le diviser. J'ai donc fait des boutures à partir de noeuds. Travail à la pince à épiler!
Heureusement le matériel ne coûte pas trop cher : une caisse à poisson prêtée gracieusement par les ports de pêche de Cornouaille, une vieille fenêtre revitrée en plastique de récupération et pour empêcher mes petits plants de se dessécher, un couvercle transparent genre barquette de supermarché.
Je suis bien conscient que "si tout le monde en faisait autant" comme on me le répète bien souvent (mais tout le monde n'en fait pas autant pour bien des raisons, bonnes et mauvaises qu'il serait trop long d'exposer ici) les pépiniéristes pourraient fermer boutique. Croyez bien que je respecte le travail des obtenteurs qui se décarcassent à longueur d'année pour nous créer de nouvelles variétés. Chaque fois que passe près d'une pépinière, ma carte bancaire se met à chauffer.
Quand on entreprend à grande échelle, les moyens ne suivent plus, alors seul le système D peut nous permettre de continuer. Mais promis: ça ne sortira pas de mon jardin!